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 [Bibliothèque Ste Geneviève] {Intrigue: L'union sacrée} Des vampires? Et puis quoi encore?! - pour humains et autres vampires

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Monseigneur Julien Rabier
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Monseigneur Julien Rabier

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[Bibliothèque Ste Geneviève] {Intrigue: L'union sacrée} Des vampires? Et puis quoi encore?! - pour humains et autres vampires Vide
MessageSujet: [Bibliothèque Ste Geneviève] {Intrigue: L'union sacrée} Des vampires? Et puis quoi encore?! - pour humains et autres vampires   [Bibliothèque Ste Geneviève] {Intrigue: L'union sacrée} Des vampires? Et puis quoi encore?! - pour humains et autres vampires EmptySam 28 Avr - 0:54

-Mon Père.. pardonnez-moi..

-Foutaises ! Julien tira le volet de bois qui séparait les deux confesseurs et on entendit le rire nerveux d’un jeune homme quand le plus vieux lui intima de se taire.

-Comment tu sais que ce n’est pas un de tes fidèles ?

-Je ne te le dirai jamais assez… ce n’est pas comme ça qu’on s’y prend… Bon allez donne…

Une main en serra une autre et un petit sachet fut vendu.

-Je suis absolu ??

-Absous on dit… païen. Julien referma le volet et l’impie s’éloigna. Une autre personne se présenta alors, se signant convenablement.

-Au nom du Père et du Fils, et du Saint-Esprit, Amen. Bénissez-moi, mon Père, parce que j'ai péché. Je confesse à Dieu Tout-Puissant, je reconnais devant mes frères, que j'ai péché en pensée, en parole, par action et par omission; Oui, j'ai vraiment péché.

Julien avait les yeux mi-clos, concentré comme pour rattraper la désolation de sa propre âme.

-Que le Seigneur vous inspire les paroles justes et les sentiments vrais pour confesser avec contrition vos péchés.

Alors que la parole était au pénitent, celui-ci fit glisser une lettre par les petits trous et le prêtre la déplia sans attendre.

    Un ou plusieurs êtres dotés d'une puissance de réflexion et d'un instinct de destruction hors du commun ont juré la perte de tous les hommes et de tous les vampires. N'avez-vous pas constaté d'inquiétantes et inexplicables disparitions parmi les vôtres ? Vous les avez bien entendu attribuées logiquement aux prédateurs habituels. Pourtant je puis vous affirmer que celui ou ceux-ci n'ont rien de commun avec vos adversaires ancestraux.

    Mentis Irae vous adresse cet avertissement: un grand péril menace toute forme de vie autre qu'animale ou végétale sur notre terre. Il dressera les uns contre les autres, attisera le courroux et la méfiance des immortels comme des mortels les uns à l'égard des autres. Les temps obscurs vont envahir à nouveau notre monde. Les vampires seront traqués pour être exterminés jusqu'au dernier et les hommes seront anéantis. Déjà le nombre de décès chez les uns comme les autres a augmenté de façon inexpliquée. Vous n'aurez pas d'autre choix si vous voulez arrêter le responsable de ce phénomène que de vous allier à vos ennemis de toujours et de faire face en semble.

    Si vous ne voulez pas voir votre vie sombrer dans le chaos et la folie meurtrière, agissez au plus vite. Alertez et concertez tous les avis qui peuvent avoir un intérêt commun au votre. Le salut du monde passe par cette intelligence.

    Mentis Irae


-Est-ce pour moi ?

-Je l’ai trouvé dans ma poche Monseigneur et il y avait votre nom. Je viens souvent vous savez.. alors je savais qu’aujourd’hui ce serait vous au confessionnal et…

-Oui.. ?

-Je l’ai lue Monseigneur.

Julien plia la feuille entre ses doigts et essaya de garder son sang froid. Il avait déjà eu des lettres de ce corbeau, le bougre commençait à insister…

-Quel trou du cul.

-Pardon ?

-Non pas toi.. Quoi que.. lire le courrier d’un évêque non mais ! Je vais t’envoyer mes factures ça te fera les pieds.

Julien se leva et envoya valser le rideau tout en traversant l’allée centrale pour rejoindre l’aile dédiée aux religieux…

*****


Quelques jours et la lettre avait été transmise aux bonnes personnes. Voilà que la plupart des institutions humaines en avaient reçu des semblables, voilà qu’il y avait un vent de panique et qu’une alliance avec les vampires n’était toujours pas envisageable. On convoqua l’évêque et on décida d’un Dimanche pour organiser une conférence dans un des amphithéâtres de la bibliothèque Sainte Geneviève. Une grande tablée, une Cène tragique avec des chefs d’entreprises à moitié vendu et autres profiteurs des accords avec les sangsues. La séance fut introduite par une avocate que Julien appréciait. Elle tentait de faire respecter le droit des esclaves.. c’est une bien grande cause… Ils parlèrent.. longtemps et le Père Rabier avait presque envie de faire un somme mais voilà qu’on le nomma et qu’on le pria d’intervenir dans le débat. Julien se leva, haussant un sourcil sur l’auditoire.

-Vous avez fini par m’endormir avec toutes vos idioties. Le pacte, la paix, la trêve, la conciliation.. Un grand nombre d’entre vous ne croit pas en Dieu et à vrai dire, je m’en fiche. Je ne suis pas là pour prêcher notre Seigneur Jésus Christ.. Non… je suis là parce que ma vie et celle de ma congrégation sont vouées à la sauvegarde de notre espèce. Oui je parle de notre espèce ! Je ne parle pas de vos rendements de choux fleur et autres conneries chimiques. Alors l’économie blablabla.. Vous travaillez avec les vampires ? Et bien moi aussi figurez-vous. Alors je ne vais pas chercher à calmer vos craintes pour vous endormir face au danger : ils sont des démons et s’ils ne veulent pas votre vie tout de suite, ils chercheront à voler votre âme. Chacun son commerce me direz-vous et celui-ci fait peut-être partie de mien… Toujours est-il que je sais qu’ils ne lâcheront rien pour espérer nous garder sous leur joug. Nous tenons jusque là et ce n’est pas à présent qu’il faut céder.

Des meurtres, il y en a toujours eu et il y en aura encore. Que les vampires disparaissent ? Grand mal leur fasse. Je ne vais pas me soucier de leur misère parce qu’ils prétendent ne pas en être responsables… Ils cherchent à nous asservir chaque jour un peu plus et à démontrer à quel point leur place sur la chaîne alimentaire est indiscutable . Et bien qu’ils traitent dans leur coin leur tueur de vampires et leur tueur de bétails! Nous enquêterons avidement sur l’affaire et nous avons déjà quelques pistes mais que cela soit dit, je n’ai rien à partager avec eux.


Les débats furent encore un peu longs et après quelques questions dans le public, on invita tout le petit monde autour d’un verre…





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Roch-Elven

Roch-Elven

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[Bibliothèque Ste Geneviève] {Intrigue: L'union sacrée} Des vampires? Et puis quoi encore?! - pour humains et autres vampires Vide
MessageSujet: Re: [Bibliothèque Ste Geneviève] {Intrigue: L'union sacrée} Des vampires? Et puis quoi encore?! - pour humains et autres vampires   [Bibliothèque Ste Geneviève] {Intrigue: L'union sacrée} Des vampires? Et puis quoi encore?! - pour humains et autres vampires EmptyMar 19 Juin - 14:35

Le fils de la Maison d'édition Destienne ne pouvait se rendre à une invitation épiscopale sans être vêtu convenablement. Il passa donc chez lui, ou plutôt chez son père, où il était toujours officiellement logé.
Dans sa chambre, Roch ouvrit l'armoire qui, parfumée à la lavande, était toujours impeccablement rangée, au contraire de son placard fourre-tout du Clan, sentant vaguement les produits chimiques, l'éther et le semtex, car il y stockait sa combinaison d'artificier. Ici, c'était l'armoire d'un jeune homme rangé, de goût classique et chouchouté par une tante experte dans l'art de repasser les chemises et de suspendre les pantalons. Chère tante Clémence...pensa Roch, qui sélectionna un Dockers bleu gris, une chemise assortie, et choisit le blouson de cuir noir, plutôt que la veste de daim, pour justifier l'absence de cravate. Monseigneur, d'accord, mais il ne faut pas exagérer. Rabier n'allait pas débarquer mitre en tête et la crosse à la main. Roch sourit en pensant à l'émotion de Clémence quand elle avait appris que son neveu allait à une pieuse réunion présidée par Mgr l'évêque auxiliaire. Roch avait un peu habillé la vérité mais pour la bonne cause. Les Destienne étaient de bons paroissiens et si Clémence avait dû renoncer au Père Rabier comme confesseur lorsqu'il avait obtenu la consécration épiscopale, elle gardait la plus vive admiration pour le prêtre exemplaire qu'il n'avait cessé d'être à ses yeux .

En fait,c'était Noé, son frère et tuteur, que Mgr Rabier avait suggéré comme participant à cette réunion, présentée comme une sorte de colloque sur un sujet intéressant la communauté humaine. Noé devant partir pour un de ses rendez-vous "d'affaires" à Berlin, avait renvoyé l'invitation à Abel, avec un mot suggérant que son petit frère serait tout à fait l'homme de la situation . En effet quinze ans auparavant, n'avait-il pas chanté en solo le Pie Jesus de Fauré, lors de la fête anniversaire de la chorale de l'abbé Dupeyre, fête que Monseigneur avait bien voulu honorer de sa présence ? Abel avait levé un sourcil dubitatif en lisant ce mot de recommandation devant Roch-Elven, convoqué pour l'affaire, et s'était avec tact abstenu de tout commentaire, puis le chef du Clan avait conclu :

-Mon petit Roch, il s'agit d'une affaire qui me paraît devoir être suivie avec attention.Voici le texte de la lettre qui motive ce colloque. Personnellement, je trouve que ça manque de faits, mais Rabier n'est pas un niais et s'il a jugé bon de me prévenir, il faut le prendre au sérieux. Vous irez en observateur pour votre paroisse, votre famille ayant de bons rapports avec l'évêché..Vous n'interviendrez pas pendant les discours mais vous pouvez dialoguer avec des invidualités .. Vous tenterez de voir en particulier ce que ce vieil hypocrite d'évêque cache peut-être sous sa mitre. Méfiez-vous de tous les autres. De lui aussi d'ailleurs..il refuse l'absolution aux activistes non repentis, sauf s'ils sont mourants. Votre frère a joint cette , euh, enveloppe, ..et demande que vous la remettiez dans la plus grande discrétion à Monseigneur. C'est pour ses oeuvres. Vous êtes au courant ?

-Des oeuvres de Monseigneur ? Oui, bien entendu .L'esprit saint souffle où il veut et on le respire où l'on peut.

...avait répondu tranquillement et de sa voix un peu enrouée l'ex-soprano de l'abbé Dupeyre.

Tante Clémence fournit innocemment le moyen de participer de façon discrète aux bonnes oeuvres de son Excellence. Roch pourrait-il demander à Monseigneur de bien vouloir bénir pour elle une image pieuse de Sainte Anne, qu'en bonne fille de Bretagne, elle vénérait particulièrement ? Elle lui tendit une sorte de portecarte en velours blanc avec les armes de l'évêque de Vannes, brodées au petit point. Cela donna aussitôt une idée à Roch. Rasé de frais, tout beau dans son cuir de bonne coupe, il se mit en devoir de l'appliquer.

C'est pourquoi, avant de se diriger vers le lieu du rendez-vous, le jeune homme entra dans la petite boutique à l'ombre de Notre Dame où l'on vendait les objets de piété autorisés. Il en ressortit avec une collection d'images de missel, dans un petit sac en papier imprimé " Au Chapelet Doré. Missels, objets divers" et le numéro de la licence avec le sceau de la Couronne. Passant la Seine au Pont au Double, Roch-Elven entra dans le square Viviani, où des enfants jouaient sur des pelouses un peu mitées. Il s'assit sur un banc pour examiner les minces cartons bordés d'or où Saint Antoine voisinait avec Sainte Thérèse , une Vierge à l'enfant alternait avec des anges au regard suave, un Curé d'Ars en surplis blanc succédait à saint Nicolas en manteau rouge. Roch avait pensé qu'un évêque ferait bien dans le lot et il avait un faible pour saint Nicolas, dont Noé lui avait dit qu'une partie de la légende provenait sans doute de celle d'Odin, ce qui expliquait qu'il soit particulièrement honoré dans l'Europe du Nord et de l'Est. Son cheval traditionnel s'était, au cours des siècles, mué en un âne plus humble. Saint Nicolas vainqueur de l'affreux saleur d'enfants... ce pouvait être un symbole d'espoir face aux bouchers sanglants qui avaient envahi le monde. L'attachement populaire aux saints traditionnels avait très vite réapparu après la venue du démon et de ses vampires, les âmes simples se sentant rassurées par la présence de tant d'esprits protecteurs rangés de leur côté.On disait que certaines de ces images , dûment bénies par un prêtre réputé pour sa piétéet représentant tel ou tel saint protecteur, pouvait faire fuir un vampire pris soudain de douleurs cardiaques ou d'étouffement . Les images pieuses faisaient cependant le plus souvent sourire les vampires, qui ne craignaient pas de simples bouts de papiers imprimés en chromos plus ou moins réussis . Certains en faisaient même collection, un peu par défi. Peut-être qu'on pourrait en fabriquer avec un filigrane d'argent, utiliser de l'encre diluée à l'eau bénite... la petite enveloppe blanche un peu renflée fut glissée entre Saint Expédit, patron des affaires urgentes, et saint Roch avec son chien .Une fois de plus, Roch se dit qu'il devrait avoir un chien, un grand, avec des crocs, et dressé à repérer le vampire à l'odeur. Il l'appellerait Baskerville et ils seraient copains. Il était temps de se remettre en route pour la bibliothèque Ste Geneviève où l'attendaient son Excellence et les autres intervenants. Le choix de ce lieu confirmait l'hypothèse que l'affaire ne concernait pas seulement la mission apostolique du bon évêque mais avait bien une dimension oecuménique. Bon évêque ? Peut-être l'expression ne convenait-elle pas exactement, bien que Roch ait souvent entendu célébrer la générosité et la foi vigoureuse de ce truculent personnage. Ste Geneviève avait été autrefois un lieu de culte, pour devenir ensuite un lieu de savoir, à l'ombre du Panthéon, lui aussi privé de sa fonction religieuse pour devenir le temple des saints laïcs. Les vampires pouvaient y gambader en paix ..


-------------

Roch-Elven se glissa modestement au dernier rang des participants. Il repéra quelques tête connues, surtout méprisables, et regretta son bonnet qui, bien que souvent sans bord, lui donnait toujours l'impression qu'il le rendait moins reconnaissable en devenant le trait le plus visible de sa physionomie . Comment était-il ? - Euh, il avait un bonnet ! Gris ! - Cheveux ?- ben, il avait un bonnet ..- Yeux ?- Vous savez, avec le bonnet...

La table des conférenciers se remplissait .
Monseigneur Rabier, avant de s'asseoir, parcourut l'assistance d'un regard vif, passa sur Roch, visiblement sans reconnaître en lui le petit chanteur du Pie Jesus . Mais Roch- Elven ressemblait à son frère et l'évêque avait l'air d'avoir des liens disons commerciaux avec Noé. Roch inclina légèrement la tête comme par respect puis se fit calme et petit au fond de son trou. Les discours d'introduction révélèrent la position prise par chacun devant une menace semblant se préciser à l'échelle universelle. Il fallait donc voir la situation dans un esprit collégial, et on espérait que tous voudraient bien partager le point de vue qu'on venait d'exprimer. Ce fut enfin à Rabier qu'on donna la parole. Roch savait que Monseigneur était parfois irascible et, quand il n'était pas retenu par sa foi, volontiers grossier. Roch n'en était ni scandalisé ni impressionné . Noé lui avait expliqué depuis belle lurette que s'il voulait conserver cette égalité d'humeur qu'il avait acquise en devenant adulte, il devait éviter la fréquentation des produits dangereux, tabacs, alcools,drogues, et aussi les yeux trop bleus, comme ceux de la jeune étudiante qui avait fait perdre à Roch huit kilos en six semaines.. Rabier n'avait pas dû avoir de grand frère Noé pour le mettre en garde.

L'allocution épiscopale pouvait se résumer par: chacun chez soi, chacun pour soi. Ce n'était pas très chrétien ni oecuménique. Pour sa part, Roch n'avait pas encore d'opinion. Tant qu'on ne définirait pas la nature du danger, tout cela n'était que prétexte à se réunir, à affirmer qu'on était les meilleurs et à espérer que le buffet serait convenable.

De fait, il n'était pas mauvais, bien que du genre vin d'honneur, avec biscuits, plutôt que déploiement de petits-fours et panoplie de flacons aux formes variées . Roch nota cependant des bouteilles de Saint-Yorre dont on avait réouvert la source depuis peu, ce que la Couronne présentait comme un signe évident de l'excellence de sa gestion économique et la preuve de sa largeur d'esprit..

Rabier semblait grognon et venait de couper net une conversation avec un individu chafouin et une dame trop belle pour être humaine. Roch se rapprocha de lui, faillit vouloir ôter le bonnet qu'il n'avait pas, car on a beau être mécréant et voltairien, quinze ans d'éducation religieuse à la Destienne, plus le désir toujours intact de ne jamais faire de peine à Tante Clémence, cela pèse lourd. En particulier,quand on est face à face avec un prélat qui a atteint "la plénitude du sacerdoce" selon la formule apprise au catéchisme. Et Mgr Rabier était quand même quelqu'un d'impressionnant.

Roch toussota un peu pour s'éclaircir la voix et attaqua le premier point de sa mission : le cadeau de Noé à Monseigneur. Il espérait ensuite discuter un peu de ce qui se passait exactement.

-Pardonnez-moi Monseigneur, dit respectueusement l'ex-petit choriste de l'abbé Dupeyre, quand ayant capté le regard de l'évêque, il crut y voir naître une ombre d'encouragement- je suis Roch-Elven Destienne, le frère de Noé .

Roch sortit l'image de Sainte Anne dans son présentoir en velours blanc qu'il tendit à l'évêque :

-Ma tante Clémence m'a demandé si vous pourriez avoir la bonté de bénir ce portrait de la grand-mère de Jésus, auquel elle tient beaucoup. Et mon frère m'a demandé aussi de vous remettre ces images pieuses pour les soeurs de Notre Dame qui s'occupent des communions. Excusez le sachet, très peu à la hauteur du contenu.. Et pourriez-vous aussi bénir l' effigie de mon saint Patron ?

Bien que n'ayant pas les yeux verts, Roch savait très bien prendre l'air suppliant d'un célèbre Chat dans un antique dessin animé. Il ouvrit un peu gauchement le petit sachet du Chapelet Doré et sortit Saint Roch et son chien, sous le regard épiscopal qui y plongea un court instant .
Roch ajouta d'une voix contrite, tout en s'amusant de se voir en diable tentateur :

-C'est moi qui les ai choisies . J'espère qu'elles plairont. Noé ne voulait que des sujets très épurés..

Il s'arrêta . Il ne fallait quand même pas pousser le trait trop loin et dépasser la ligne..
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Monseigneur Julien Rabier
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MessageSujet: Re: [Bibliothèque Ste Geneviève] {Intrigue: L'union sacrée} Des vampires? Et puis quoi encore?! - pour humains et autres vampires   [Bibliothèque Ste Geneviève] {Intrigue: L'union sacrée} Des vampires? Et puis quoi encore?! - pour humains et autres vampires EmptyJeu 19 Juil - 17:00

-Monseigneur ? Puis-je vous présenter mon associée… Julien qui était tourné vers le buffet était bien plus concentré sur le total calorique de la table plutôt que par ses pairs de soirée. Monseigneur ?

La voix le réveilla un peu et il tourna la tête sans que le reste de son corps ne suive. Maxime Trévier, petit trou du cul du monde des affaires qui venait régulièrement jusqu’au confessionnal pour se trouver quelques bonnes consciences dans la gestion d’esclaves, il venait donc lui présenter son associée. Détaillant la femme d’un regard pesant et significatif, de sa parfaite chevelure tirée jusqu’à ses escarpins en daim, le prêtre n’esquissa même pas l’ombre d’un sourire. Il se tourna de façon à converser plus directement avec le paroissien et lui posa une main faussement sympathique sur l’épaule.

-Je n’oserais croire que c’est un plaisir pour elle.. Est-ce que je dois lui tendre la main pour qu’elle me fasse l’outrage de ne point s’en saisir… Allons Maxime, je pensais qu’il fallait être un tant soit peu astucieux en affaire…

L’homme s’en trouva soufflé et son visage vira à l’écarlate. Tant, qu’il n’osa pas même trouver sa collègue du regard. Cette dernière, malgré son teint de nacre et une consistance des plus rigides, ne manqua pas de se crisper de tout son long. L’aura de l’évêque lui était insoutenable et elle commençait à craindre qu’il se mette à prier dans sa barbe pour l’obliger à reculer et à ainsi, se ridiculiser. Trévier avait été sot, ce n’était pas un de ces curaillons influençables.

-Je vous prie d’excuser mon ignorance…

Rabier ne lui offrit que son dos pour clore la conversation et se servit d’un petit four qu’il estima suffisamment douteux et fluo pour qu’il soit véritablement dangereux. Le prêtre pestait pour lui-même contre tous ces insectes qu’on venait encore lui présenter. Non vraiment, il lui faudrait une bonne centaine de stages de rattrapage en catéchisme à celui-là pour qu’il intègre le pourquoi du comment de la situation actuelle. Il avait encore la bouche pleine et hésita à se servir à boire lorsqu’il entendit qu’un autre invité s’était penché sur lui. Il se sentit grogner en son for intérieur et darda un œil à l’attention du nouvel intrus. Il le toisa rapidement de haut en bas et n’éprouva pas de répulsion caractéristique cette fois-ci. Il se redressa alors, prêt à le saluer. Le jeune homme était tout à fait charmant avec une pointe de malice, comme il en avait déjà croisé, qui brillait au creux de ses pupilles .

Noé… le prêtre leva son menton, imperceptiblement à la mention du frère. L’inconnu n’avait pas eu besoin de grande élocution pour s’attirer toute son attention, voilà qu’il était des rares qu’il avait espéré croiser en cette soirée. L’évêque fut alors surpris de la requête du jeune homme bien que louable, elle lui semblait très personnelle. Il l’écouta jusqu’au bout, ne percevant pas tout de suite de quoi il s’agissait. Julien avait l’habitude des conversations à double voire à triple sens mais ne saisissant pas ici le propos, il se laissa un instant persuader que l’homme tenait à la portée salutaire de ses petites reliques.

-Clémence.. portez lui mon bonjour. C’est une dame que j’ai eu plaisir à rencontrer. Votre frère sait me donner de ses nouvelles quelques fois. C’est une âme généreuse.. je m’appliquerai au mieux pour transposer l’amour du Christ sur ces icônes.

Il récupéra le petit ensemble et feuilleta les gravures imprimées l’une après l’autre quand l’enveloppe tomba enfin entre ses doigts. La fine pellicule salvatrice était bien dissimulée… Il releva calmement les yeux sur le missionné, le visage figé, mais les yeux sévères d’interrogations. Il n’avait pas fait appeler Noé pour cela et voilà que ce gamin se promenait avec de quoi l’embarrasser ? Julien devait mesurer dans l’instant si l’homme comptait jouer à un jeu dangereux. Rabier n’aimait pas que les choses le concernant se propagent, il n’aimait pas faire affaire avec d’autres que ses habitués et il craignait de croire que c’était là une allusion débile à un quelconque moyen de pression… Julien sentait la tension le gagner. Il n’avait pas encore voulu se dresser comme menaçant mais il espérait lire rapidement sur les traits du jeune homme la finalité de cette audace. Le clan s’amusait-il à changer les règles en cours de partie?

L’évêque mit quelques secondes à répondre, sans doute trop pour que des oreilles indiscrètes ne se doutent pas d’un malaise entre les deux hommes.

-Je lui ferai suivre une charmante gravure du Déluge que notre paroisse a récupérée dernièrement.

Il rangea rapidement le petit ensemble dans une poche intérieure de sa veste et garda un œil des plus autoritaires sur le membre du Clan. Il s'efforça de garder la tête froide face à la situation mais il avait bien du mal à croire en la bonne volonté des terroristes dans l’affaire.

-Au moins, j’ai quelques certitudes à votre propos. Sans doute qu’il fallait au moins ça. Ce n’était qu’en cette fin n’est-ce pas ? Nullement pour m’embarrasser d’une quelconque autre façon, est-ce exact ?

Il passa une langue nerveuse sur le dessus de ses dents. Ils ne pouvaient pas être ennemis, pas en cette heure, il ne devait pas se laisser aller à la paranoïa ou à trop de méfiance mais il était bourru et direct et surtout, il n’aimait pas qu’on tourne longtemps autour du pot. Comme les gens passaient non loin d’eux, il devait rapidement retrouver un air plus détaché et se montrer sensiblement moins nerveux. Comment parlerait-il à un bon catholique… ?

-Ce colloque est important, savez-vous pourquoi ? Peut-être que l’inquiétude n’est pas encore palpable chez tout le monde ou dans toutes les castes de la société. Après tout, les illuminés ont toujours existé me direz-vous… Mais savez-vous vraiment pourquoi je suis ici ? Pourquoi un évêque viendrait-il participer à une réunion aussi barbante avec des idiots, familiers des démons ?
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Constantin Basarab
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C'était très risqué et en même temps fascinant. Constantin ne regrettait pas d'avoir répondu à cette invitation diffuse et universelle envoyée par les ondes. Il avait trouvé le procédé employé par les organisateurs de cette petite assemblée oecuménique assez culotté de prime abord. En ouvrant leurs portes à tous, ces gens-là ne risquaient-ils pas de voir débarquer l'ennemi lui-même, déguisé ou pas ? Soit! Quand on invite le loup dans la bergerie... Ils ne devraient pas s'étonner de le voir débarquer couverts en main et crocs aiguisés. D'un autre côté cela pouvait aussi être une tentative naïve pour débusquer le tueur mais aussi son délateur. L'Eglise de mèche avec les vampires et le clan tout à la fois peut-être? Toujours est-il que le vieux vampire s'était félicité d'être venu lorsqu'il avait constaté que le plus virulent des débatteurs était l'évêque de Paris lui-même. En ancien chrétien converti, descendant des grands défendeurs de l'Empire chrétien d'Orient, Basarab ne pouvait se tenir dans l'ignorance des noms des prélats de la Rome du XXIièle siècle. Il savait donc qui était cet homme à l'air las et ennuyé qui était sorti d'une apparente apathie pour dresser sa vindicte contre toute alliance entre vampires et humains. Il y avait d'ailleurs pléthore d'humains de tout genre dans l'assemblée et si le vampire ne s'était nourri la nuit précédente après avoir pris congé de Reinhart, il eût été grandement tenté d'en faire taire plus d'un en le vidant de sa vie. Fort heureusement pour eux, Constantin s'était rassasié dans les bas fonds, ce qui ne lui avait apporté que peu de plaisir esthétique hors du fait d'avoir délesté quelques malheureux d'une vie insipide. Il avait alors pensé aux chasses haletantes menées au côté d'Anke... Anke, il fallait qu'il se concentre sur les débats présents et tente de chasser son image de son esprit. Une tentation d'un autre genre le taraudait après le discours de l'évêque. Il sonda la foule réunie dans la grande bibliothèque et oublia les livres magnifiques qui se trouvaient ainsi exposés à ces incultes. Des marchands de tapis et des êtres mercantiles et bassement cupides. Il sentit dans les paroles de l'homme de Dieu à quel point cette réunion était une violence pour lui mais aussi à quel point l'argumentation du pieux avait de failles. Alors même que Rabier déroulait sa diatribe contre les vampires, Constantin formait dans son esprit des objections en réponses aux affirmations du soldat de Dieu. Il brûlait d'impatience de les lui faire savoir mais il devait différer parce que le chef de l'Eglise de Paris était pris d'assaut par ces marchands du Temple.

Alors qu'il allait l'aborder, un individu d'une autre essence, qui -il aurait bien été incapable de dire pourquoi- mit tous ses sens en alerte, aborda le respectable homme de foi. Respectable ? Vraiment ? L'était-il autant qu'il voulait bien le laisser croire au bon peuple de ses ouailles ? Certains signes n'avaient pas échappé à l'être de nuit mais surtout à l'artiste qu'il était. Ce léger tremblement des mains, ces gouttes de sueur qui perlaient aux tempes du respectable légat du Seigneur. Si le Prince Constantin Basarab aurait pu les ignorer, le musicien, le fondateur de Zagiel, savait trop lire la dépendance à certaines substances addictives qui marquent de leur sceau infamant tout être qui y cède. Le jeune homme propre sur lui avec ses images pieuses était donc un dealer? Rien de plus ou bien ? Non, il était autre, sans quoi les sens de Constantin n'auraient pas hurlé au danger à son approche. Pourtant le vampire se tint en retrait. Son temps n'était pas venu de sortir de l'ombre. Il préférait observer l'échange entre le pourfendeur de démons et le faux ange de piété qui se présentait à lui avec une offrande qui semblait mettre le haut père en émoi bien plus que n'auraient fait des reproductions d'icônes accessibles au bon peuple des chrétiens. Le vieux vampire eut un sourire en coin et attrapa sur un plateau qui passait un verre de jus de pomme. Qu'allait-il faire à présent ? Quelle stratégie adopter ? Un petit éclat dont il se délecterait en public ou une demande d'entrevue ? Déboulonner les certitudes du religieux et de son soi disant disciple tout à la fois ou demander une entrevue privée à Monseigneur Rabier ?

Il se descendit le jus de pomme qui était encore plus insipide aux papilles de l'immortel qu'il était qu'une bonne Sobieski ou qu'un pure malt. Il leur tournait le dos lorsqu'il commença à parler comme pour lui-même. Dos haut et large, stature de guerrier malgré les aléas récents de son existence vampirique. Mais trop de choses s'étaient produites depuis son dernier sommeil pour qu'il demeure silencieux devant leur inconscience et leur aveuglement. Choses qu'il avait apprises de la bouche de Dunkel. Il y avait eu ce dramatique bal auquel il ne s'était pas rendu. Il y avait ces crimes inexpliqués qui frappaient vampires et humains sans distinction. Etaient-ils aveugles ou sourds ? Ou trop effrayés peut-être pour lire les messages messianiques qui les avaient atteints en temps et en heure comme il se devait. Les narines dilatées de colère rentrée face aux inepties qu'il entendait de toute part mais ne voulant pas se priver d'autres informations intéressantes, Constantin n'osa s'immiscer dans la conversation de façon trop abrupte et se contenta de dire en se retournant lentement, son verre à la main.

- Du jus de pomme ... On nous propose du jus de pomme... Voilà qui est divertissant ma foi. Ce fruit qui est celui de la connaissance pour les Dru' wid anciens et celui du péché pour Dieu, notre créateur à tous !

Craignant sans doute une agression, un jeune vicaire s'avança entre Rabier et le vampire.

- Nous avons aussi du thé si vous préférez, Monsieur ? Monsieur ...

- Prince Constantin Basarab, de l'ordre du Dragon, défendeur de la Sainte Croix, même si je suis plus connu en ce temps pour faire saigner les oreilles de mes fidèles sous le nom de Stan et avec l'aide de mes apôtres humains de la confrérie de Zagiel ... Je prendrais volontiers un thé si vous avez du Thé Noir véritable. A défaut d'autre chose. Quel dommage! Il avait pourtant bien dit " Buvez! Ceci est mon sang! " Comment peut-on avoir oublié le pacte premier qui scelle le rapport entre l'Humain et le Divin Unique ?

Et il se retourna complètement, levant son verre de jus de pomme à moitié vide, le regard profond et prédateur pesant sur le petit groupe et lança comme une boutade:

- Alors ? Des amateurs pour connaître l'interprétation du message divin de l'origine à nos jours ? Je suis à votre disposition messieurs. A moins que vous ne préfériez plus tard un débat à huis clos Monseigneur.Puis se tournant vers le jeune homme à la veste de cuir de si bon goût. Avec un candide comme témoin si vous le souhaitez ...

S'inclinant comme pour prendre congé mais sans déférence, Constantin se détourna du petit groupe pour s'avancer vers le buffet. Mais il sentait le regard pesant et chargé de questionnement qui dardait dans son dos. La fébrilité menaçait de le gagner, l'envie de les secouer, également. Ses yeux se portèrent instinctivement vers les volumes qui remplissaient le salon de réception, petit échantillon alléchant des trésors que renfermaient cette merveilleuse bibliothèque. Des volumes dormant dans les autre pièces, détenant des trésors de savoir et de beauté que des yeux non avertis ou trop mal avertis n'avaient pas su interpréter. L'air était pesant, pesant pour lui qui sentait le poids des siècles de fausses lectures ou de bonnes intentions dévoyées. Tout avait été faussé par de mauvaises lectures du message divin et les hommes n'avaient rien compris à ce que leur créateur avait voulu redresser en donnant la vie aux vampires. Pouvait-on leur en vouloir ? La vie d'un homme est si courte pour comprendre, transmettre ce qu'il a compris . Pouvaient-ils seulement comprendre que le Divin avait aussi ses divergences ? Ses dissidences ? Ceux qui savaient avaient tellement tout fait pour le leur cacher, par peur de perdre leur pouvoir mais aussi par peur des bouleversements que cela induisait. Il sentit le double poids des siècles écrasant sur ses épaules, celui du savoir et de la connaissance mais aussi celui qui pesait sur le témoin impuissant de tant d'égarements et d'injustices, de barbaries commises au nom de ce qui ne devait qu'être amour et don de soi. Une pirouette du saltimbanque lui apporta un échappatoire salutaire.

- Ces petits fours sont divins... A se damner. Même s'ils sont "petits" j'y vois la gueule des Enfers béant devant nous !

[HRP] Je ne pouvais résister à la tentation selon Constantin, de faire intervenir mon vampire artiste et esthète dans cette assemblée grave, mais ne croyez pas qu'il prenne les choses à la légère. Si mon post est inopportun, je le supprimerais mais je n'ai pu que céder devant l'appel d'un débat philosophique sur le destin de l'Humanité et les vues de son créateur, et aussi qui sait ... sur le bien fondé du combat armé ... clin d'oeil à Roch


Dernière édition par Constantin Basarab le Jeu 2 Aoû - 11:28, édité 1 fois
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Roch-Elven

Roch-Elven

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[Bibliothèque Ste Geneviève] {Intrigue: L'union sacrée} Des vampires? Et puis quoi encore?! - pour humains et autres vampires Vide
MessageSujet: Re: [Bibliothèque Ste Geneviève] {Intrigue: L'union sacrée} Des vampires? Et puis quoi encore?! - pour humains et autres vampires   [Bibliothèque Ste Geneviève] {Intrigue: L'union sacrée} Des vampires? Et puis quoi encore?! - pour humains et autres vampires EmptyJeu 2 Aoû - 3:43

Monseigneur Julien ne manifesta rien de très lisible dans son comportement en recevant les tartines de pieuse marmelade que Roch lui avait tendues de son air le plus benoît . Mais ce dernier sentit un vague malaise se glisser dans l'intervalle que le prélat mit entre ses répliques, par ailleurs fort aimables, avec un mot poli pour la tante qu'il appela par son prénom. Ceci n'avait rien d'étonnant car Clémence œuvrait toujours chez les Sœurs de Notre-Dame, les fournissant en fleurs fraîches, les aidant à la décoration de la Crèche à Noël ou apportant des brioches aux enfants du catéchisme. Puis Rabier fit savoir indirectement par quel chemin Roch récupérerait l'effigie bénie de son saint patron cynophile, car évidemment, en ce lieu où des vampires circulaient, un geste de bénédiction même réduit au minimum aurait été fort mal perçu. Et Roch apprécia de ne pas avoir à se signer et à baiser l'anneau épiscopal. Une gravure du Déluge fut promise à la pieuse tante et un instant, Roch se demanda si le choix du sujet était totalement dû au hasard, le mot"charmant" correspondant si peu à l'idée d'un cataclysme universel. Roch gardait à la mémoire l'effroi fasciné qu'il éprouvait enfant en contemplant la gravure de Gustave Doré illustrant le sujet et dont son père possédait une belle reproduction .
Spoiler:
Y avait-il une allusion à Noé ? Un code, pour lui signaler que le petit cadeau était bien arrivé ? Une allusion au Clan ? Le Déluge avait débarrassé le monde des êtres corrompus qui le viciaient, ne laissant que la famille du Juste pour repeupler la terre. Il faudrait certainement plus de quarante jours pour. nettoyer la souilllure des vampires et la purification aurait lieu d'abord par le fer et par le feu. Le Déluge pourrait venir ensuite, comme une grande lessive finale qui emporterait dans la même marée sanglante les vampires tueurs et les tueurs de vampires. Roch ne se sentait pas de la famille des justes ..Lui aussi avait du sang innocent sur les mains .Et il était quasiment impie ...Il serait emporté, comme la grande tigresse de Gustave Doré dont l'impuissance outragée avait provoqué en lui un tel sentiment d'injustice et de terreur.
Roch perçut la méfiance dans le regard sans bonté qui se fixait sur lui. Il essaya de se voir par les yeux de l'évêque. Noé ne pouvait avoir confié le paquet compromettant qu'à un être dont il était sûr. A part cette certitude, Rabier ne devait rien savoir de précis sur lui ; il pouvait même ignorer son appartenance au Clan car Noé en faisait un principe. Même aux alliés, on ne doit dire que ce qu'ils savent déjà.. Par exemple, Roch n'était pas au courant que Rabier soit devenu un "client" de Noé. Il en avait été étonné. Noé trafiquait plutôt du côté des vampires ou des magnats de l'industrie. Il fallait mettre Rabier à l'aise s'il voulait garder le contact et obtenir des renseignements utiles sur cette histoire, qui pouvait bien avoir été montée de toutes pièces par la Couronne. On pourrait piéger ceux qui auraient l'imprudence de se montrer à la réunion sans avoir les garanties protégeant Julien Rabier et d'autres sommités,toutes fricotant plus ou moins avec les vampires. Roch devait montrer qu'il n'était pas seulement ce balourd de petit frère, avec ses ridicules bondieuseries et sa pochette remplie de poison. Mais il n'était pas un bon discoureur et savait peu improviser, sa langue suivant mal les idées qui se pressaient dans son esprit, alors qu'en écrivant, les mots volaient, semblant tirer les idées derrière eux. Noé lui avait donné des conseils pour prendre la parole en public, surtout pour les moments où soudain il commençait à se dédoubler et à s'écouter en se disant que ce n'était pas vraiment ce qu'il voulait dire. Il lui arrivait alors de ne plus terminer ses phrases,la bouche ouverte, cherchant le terme exact qui le fuyait. Son frère était catégorique :

-Supprime-moi tes euh ! et tes ben... Mais si !! tu dis ben et même en traînant : beiin...Tu dois remplacer ton interjection défaitiste par un silence lourd de réflexion, en levant un peu une main pour marquer la pause nécessaire afin de chercher non pas tes mots, mais ceux dont l'autre a besoin pour comprendre les implications de ta pensée. Il se sentira flatté qu'on veuille bien le juger capable d'avoir accès aux arcanes. Et puis redresse-toi ! Un orateur qui rentre la tête dans les épaules ne donne pas confiance. Imagine que tu es César haranguant ses troupes, torse drapé de la toge, jambe maigre sous la tunique et martiales sandales haut lacées. Les baskets font beaucoup de tort à l'art oratoire.

- Je vais me mettre à rire si je me vois en César.


-Tant mieux, un bon parleur ne doit pas avoir l'air d'un bonnet de nuit..

-Tout le monde n'a pas ton profil d'empereur romain. Mais j'essaierai....

Roch avait quand même réussi à limiter ses euh et ses ben et à redresser la tête. Mais Monseigneur Rabier n'était pas homme à se laisser impressionner par des artifices qu'il devait lui-même conseiller à ses jeunes prêtres moins à l'aise que lui en public. Et lorsqu'il s'exprima avec une franchise bourrue, ne cachant pas ses soupçons et les rejetant ensuite de façon péremptoire, l'évêque le mit immédiatement dans la position de l'élève qui craint d'avoir été insolent sans le vouloir. En plus, il sentait qu'on les regardait ou plutôt qu'on regardait l'évêque, en s'interrogeant sur cet inconnu très quelconque qui retenait néanmoins son attention.. il comprit parfaitement les soupçons à son égard et la nécessité de conserver à cet entretien, vu de l'extérieur, une innocuité parfaite. Il fallait montrer au prêtre que les images de Saint Roch ou de Sainte Solange, vierge et martyre, n'étaient intervenues que pour protéger les apparences et que le "message" de Noé garantissait la confiance qu'on pouvait mettre en son cadet. Roch s'inclina légèrement pour marquer sa déférence :

-Je remercie infiniment Monseigneur et je le prie de pardonner ce que ma demande peut avoir eu de trop impromptu et d'inadapté en ce lieu et en ces circonstances. Mon excuse est l'insistance de ma tante à vous demander cette faveur. Je devine combien votre tâche doit être lourde en ce monde tourmenté et sais tout le respect dû à l' Eglise dont vous êtes un des piliers solidement ancré dans la terre chrétienne, notre soutien, toujours ferme, contre le règne des ..euh... impies.


Roch fut assez content de lui malgré le euh de la fin , tout en s'amusant de sa comparaison . Si Rabier était un pilier solidement ancré, il devait quand même avoir parfois le chapiteau un peu perdu dans les nuages... Il avait monté légèrement la voix pour que les invités qui s'attardaient autour d'eux soient convaincus qu'ils avaient affaire à un bigot un peu flagorneur mais sincère ; et connaissant la réputation d'intelligence de l'évêque, il espéra que celui-ci comprendrait que cette belle protestation de bons sentiments était surtout faite pour la galerie et qu'il ne cherchait pas à l'embarrasser, comme le disait si bien Monseigneur.

Il s'interrompit, préoccupé par l'allure d'un de ces observateurs plus ou moins discrets qui les entouraient, le regard flottant, pour ne pas avoir l'air d'écouter. C'était un grand gaillard qui faisait semblant de s'intéresser à un jus de fruit et dont Roch n'apercevait que le profil, fort racé, sous une chevelure portée longue et d'un noir aile-de-corbeau peu commun . Et la taille, la carrure...on aurait dit...il chassa la ressemblance fortuite qui le distrayait et reprit la parole pour en arriver à ce pourquoi il était là, encensant le vertueux et irascible évêque tout en espérant que celui-ci comprendrait que Roch ne maniait l'encensoir que pour dégager suffisamment de fumée et cacher l'essentiel.aux méfiants et curieux qui les observaient.

-Je suis persuadé de l'importance de ce colloque, Monseigneur, ne serait-ce que parce que vous avez pris la peine de l'honorer de votre présence. Certes, dans les classes laborieuses, le sujet de cette réunion n'est guère considéré, sinon comme une rumeur faite pour affoler les populations, justifier des mesures répressives, ou simplement donner libre cours à l'imagination des journalistes. Des meurtres ? Des disparitions ? Il y en a des dizaines tous les jours..ou toutes les nuits plutôt. Des circonstances particulièrement mystérieuses et macabres ? Les gorges ouvertes des victimes ordinaires, les courses et les cris dans le Paris nocturne, tout notre quotidien aurait fait le bonheur de ces habitués des séries fantastiques dites"avec vampires", tant prisées à la fin du XXme siècle. Alors, qu'on annonce la venue du Tueur universel, de l'Assassin œcuménique, du Terminator cosmique ou du Décerveleur galactique...oui oui, ce sont les titres dont les radios affublent l'auteur présumé de ces surcroîts de massacres... permettez-moi de le dire crûment, monseigneur, l'homme de la rue, il s'en fout .


Roch avait parlé tranquillement, baissant peu à peu le ton, oubliant les distances à observer maintenant qu'il n'était plus obligé d'agiter des images pieuses pour justifier sa conversation avec l'évêque. Le corbeau chevelu écoutait, Roch le sentait de toutes ses fibres. Et il sut que c'était un vampire ; il n'y avait que les vampires pour dégager une telle aura d'énergie, et de surcroît un vampire furieux, haïssant ce qui l'entourait, prêt à mordre sans faim, par mépris de ces stupides humains, par dégoût de leurs esprits petits et moutonniers, un vampire ivre de se sentir immortel et si infiniment supérieur à ce bétail dont il tirait sa vie, son plaisir et la jouissance du fort qui écrase le faible. Roch sentit la froideur de sa propre haine et serra les dents. Justement l'individu se retourna, comme cherchant un contact dans l'anonymat de la foule, juste pour faire semblant d'être aimable et convivial . Il était très jeune, très beau et très reconnaissable. Stan, le chanteur de Zagiel.que Roch avait vu en concert et qu'il considérait comme un de ses musiciens préférés.
Les paroles du vampire s'insérèrent dans le silence et leur frivolité faussement sentencieuse irrita immédiatement le Claniste. Mais la mélodie de " not strong enough" rôdait malgré lui au fond de sa mémoire, avec ses mots si simples, si humains, si touchants. Il se sentit pâlir et sut qu'il serait rouge d'émotion dans quelques secondes. Il respira profondément. Pourquoi n'était-il calme que lorsqu'il était seul et ne devait-il qu'à de constants efforts de paraître si placide et si flegmatique en public ?
Un jeune prêtre, qui devait surveiller l'évêque de loin, s'interposa et le vampire déclina sa double identité avec complaisance , en jouant sur les mots, ce que Roch trouva du plus mauvais goût. Que les vampires plaisantent entre eux et accumulent les calembours ironiques, soit . Les humains le leur rendaient bien. Mais Roch se sentait nullifié sous le regard bleu, qui aurait été un des plus beaux que Roch eût connus, s'il y avait trouvé une seule lueur d'humanité. Il ne se sentait plus reconnu comme une conscience, seulement estimé à sa valeur de proie potentielle, protégé juste parce que ce n'était pas l'heure de la chasse. L'impudence du ton, le persiflage insolent de celui qui se sait tout-puissant et qui jouit de se sentir intouchable, cette attitude était insupportable à Roch. Toutes les révolutions viennent des humiliations dont on accable les faibles et les démunis. Etait-il si brillant et courageux, le guerrier, le prince, qui fait tournoyer son épée étincelante au dessus du manant courbé sur sa charrue ? la véritable force est celle qui protège, aide et soutient. Roch pensa aux vampires décapités et brûlés de l'Equinoxe et regretta que le Prince Constantin Basarab, de l'ordre du Dragon, n'ait pas cru devoir venir y risquer sa précieuse peau et que lui, Roch-Elven Destienne, citoyen livreur, terroriste à ses heures, n'ait pas pu l'expédier rejoindre ses ancêtres qui l'avaient si mal élevé. La voix un peu contrainte, mais sans un geste de nervosité, rassemblé sur lui-même, Roch se tourna vers Rabier tandis que le vampire exerçait son esprit et son manque d'appétit sur les petits fours :

-J'ai cru comprendre que cet individu a invité Monseigneur à un échange de points de vue à caractère théologique, avec moi comme témoin ingénu . Si Monseigneur le désire, je le suivrai. Mais je préviens Monseigneur que je n'ai rien d'un Candide, mon opinion est faite, elle ne sera d'ailleurs pas forcément à votre goût, mais je ne me laisserai pas intimider par ce bravache prétentieux qui dit Dru'wid au lieu de druide, juste pour nous impressionner.

Cependant malgré son irritation, une part de Roch sifflotait 'don't care' et lui soufflait qu'un être capable de créer une musique si sensible et exaltée ne pouvait pas être entièrement mauvais et que le prince de Zagiel aurait peut-être d'autres choses à dire que des blasphèmes faciles et des formules dépréciatives à l'emporte-pièce.






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